Aux vendanges et à l'or
par Boetiane
Croire aux vendanges et à l’or. Pendre au gibet l’impatience, lui emprunter deux ou trois anges, lumineux et muets. Contre un ciel bleu amoureux, crucifier le silence, écouter la grand messe des fjords, païens ou pieux. Et si la sphère oculaire d’un oeil immense roule en son bocal hurlant, lui recoudre cette paupière, saure et crevée.
Regarder le visage de l’enfant. Boire à sa jouvence. Se griser dans ses orbes. S’y noyer vivant, au dedans. Siroter le vaudou carmin d’un sanglant levant. Laisser un peu de nous sur -déserte- cette île à s’évaporer. Dom Pérignon et morphine des fous. Et si la lune Dior, hermine et jasmin, hallucine le sapiens, inhumer la cigarette brune et tabou, respirer les parfums, mandragore, violine et capucine. Toucher à tout. A la soie, à l’amour, aux velours. Le coeur écoeuré, équarri. Le cerveau étincelant puis l’âme nocturne.
Pour une orgie cérébrale, passer sous le ciel un moment encore. Sur la terre qui nous dore et nous tatoue de plaies. S’approprier le temps puisqu’il n’en est presque plus. Se cuivrer de son talisman puisque l’instant expire en bêlant. Vivre à toute allure, à tout à l’heure. Avant que la vidange des secondes ne vienne vomir graviers de chair, grumeaux de sang. Vidant l’amphore de ses émois et de ses ors. Dernière liqueur. Ultime lueur. Le corps confit dans le verglas de la mort.
A la mémoire de mon voisin<br />
5 juillet 1954 – 16 juillet 2007<br />
<br />
Le luxe dort en chacun de nous<br />
- L’exhumer ?<br />
Poème posté le 01/08/07