Prête-moi ta plume
Prête-moi donc ta plume,
Mon bel ami Pierrot,
Pour que j’écrive un mot
A notre Dame Lune
Qui vogue tout là-haut
Sans rien qui l’importune.
Veux-tu prêter ta plume,
Mon bel ami Pierrot?
Car je voudrais, ma belle
Libre comme un nuage,
Dans les chambres du ciel,
Sans honte et sans ambages,
Courtiser les étoiles
Ôter des nuées le voile
Et fredaines conter,
Même de voix lactée.
Ô lune comme toi
Je voudrais d’est en ouest
Voir du monde le toit
Parcourir d’un pas leste
Des arpents de ciel bleu,
Chevaucher les nuages
Et défier les orages,
La colère des dieux.
Poursuis-tu le soleil
Ou fuis-tu ses avances?
Parfois tu le devances
Le matin au réveil,
Mais parfois, au coucher,
Tardes à le retrouver.
(« Cette amie infidèle,
Où donc s’attarde-t-elle »?)
Tu affiches parfois
Une mine de joie,
Une bouille réjouie
Et toute épanouie,
Mais parfois disparaît
Comme noire de deuil
Et quand tu reparais
Tu n’es plus qu’un clin d’œil.
Ô lune de douceur,
Parfois toute timide,
Tu as les yeux humides,
Au front, une rougeur :
Est-ce l’ami Pierrot
Que tu pleures là-haut?
Il t’a rejointe au ciel,
Pour sa lune de miel.