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Rebellion de pauvreté
par Nathan


J’apercevrai cette vieille clocharde essoufflée par la vie Qui s’effondrera sur la table d’en face sous les mépris. Elle trouvera alors, enfouit en elle, la ressource et le courage d’hausser son long menton marqué par la vie et par son âge. Elle m’interpellera d’une manière lucide et efficace : « Pardon mon bon Monsieur, désirez-vous que je trépasse ? ». Empathie et détresse m’ordonneront d’être un bon samaritain Mais égoïsme et indifférence me feront rebrousser chemin. Ma cupidité et mon avarice, m’obligeront à répondre avec verrou : « Veuillez m’excusez ma pauvre dame, je n’ai pas un sou ». Et, même si je désirais lui donner, de l’espèce il me manquerait, Car pour le mendiant, le vrai fléau : c’est l’Homme digitalisé. J’aurais préféré pratiquer le mensonge, mais je ne possèderai rien, Cette vieille femme s’en ira de la rue Monge seule avec sa faim. Si elle ne réagit pas, la fracture numérique causera son trépas. Comme toute espèce menacée, de s’adapter, elle n’aura d’autre choix. Pour elle les collectes digitales n’auront bientôt plus de secrets, Des Hommes dont le cœur émotionnera encore l’auront assisté. Pour l’heure, elle s’en ira pacifiquement sans faire de vagues, Car elle sera l’une de ces vieilles femmes qui émeut comme un goulag. Elle reprendra sa route pédestre sur ces dalles non rectilignes, Et, Les passants penseront qu’elle se dirigera vers d’enivrantes vignes. Je la regarderai avancer avec difficulté, elle et ses pas fébriles, En marmonnant dans ses moustaches des paroles de l’évangile. La misère de cette femme l’aura rendue croyante par défaut, Elle priera chaque jour pour un monde plus juste et plus beau. Son visage livide et sa démarche bancale la rendront semblable à une ivrogne ; Mais, pour elle, se noyer dans l’alcool, impensable. Non ! Elle ne sera pas une de ces pauvres âmes ayant abdiqués, Car toute son enfance, la vieille fut frappées par son géniteur enivré. Alors, elle ne pourra se réfugier auprès du responsable de son chagrin, Son corps sera seulement ravagé par la douleur, la fatigue et la faim. J’empoignerai encore quelques secondes pour la regarder au loin. Et j’engloutirai mon sandwich à sept euros avec mon autre main : Un peu de pain, des miettes de thon et de la salade servie sur un plateau, Voilà le prix de deux semaines de survie pour elle et son fardeau. Il sera temps de régler les écarts de valeur de notre système d’échange. Parce qu’une révolution éclatera de ceux qui ne peuvent se payer une orange. Elle finira par refuser de se serrer la ceinture pour vivre encore deux semaines, Alors que je déboutonnerai la mienne pour manger ce dessert d’origine cubaine.



Poème posté le 13/10/19 par Nathan



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