Rêve de poète
par Sucre et sel
Le rêve du poète, c'est une aube furtive
Glissant sur la rosée son aile veloutée
Pour délivrer la nuit de ses ombres captives
Et rendre au jour naissant son teint de rose thé.
C'est un ciel de printemps aux nuages bleutés,
Un matin clair et doux comme un miel de lavande,
La promesse tenue d'un fruit mûr éclaté
Et tout l'or du soleil, riche et païenne offrande.
C'est un grand champ de lin dont les ondes liquides
Font tressaillir les cieux, jaloux d'un bleu plus pur
Que celui de Chagall, de ce bleu si limpide
Que seule l'aigue-marine peut voler à l'azur.
C'est le souffle sucré d'un tendre soir d'été
Qui s'insinue, discret, sur le jardin fébrile
Et le reflet du vent dans les blés chavirés
Imprimant au couchant ses vagues immobiles.
Au plein cœur de juillet, c'est une nuit profonde
Enivrée de silence et de parfums troublants,
Quand les couleurs du temps se fondent, se confondent,
Une nuit habitée de fantômes tremblants.
De l'aube au crépuscule, il songe, le poète,
Aux splendeurs des saisons, aux beautés ignorées,
Et le parfum des mots jour après nuit l'entête ;
Le poète est vivant… Oh, laissez-le rêver !
Poème posté le 01/04/06