Une terre rouge
le sable qui vole
des femmes qui crient
des gosses qui pleurent,
ils dérobent au soleil
tout le sel du monde
pour envahir les rues
d'une moisson de conquêtes,
les trottoirs cassés
les maisons pleines
les poches vides
les chants stridents,
aux étalages
de leurs marchés
la foule porte haut
sous un joug ancestral
la manne des trésors
qui condamne ses richesses
à la tête des femmes,
des couleurs qui brillent
des rires qui partent
des poissons secs
le vent brûlant,
partout des fruits
que la sueur a nourris,
des odeurs fortes
la vie qui bat
les poubelles pleines
les rues bondées
noyées dans un monceau
de trop pleins à brader...
La vie comme elle va
sous le règne perpétuel
d'un soleil au zénith.
Sur une friche
tout un cheptel
le ventre creux
traque l'herbe rousse
aux bas-côtés,
pauvre misère
jamais très loin
qui grouille de vie
ici ou là,
près des manguiers
des mecs assis
convoitent les filles
qui les envoutent
et les enivrent
de leurs jeunes sexes
à fleur de peau,
l'odeur du bois
l'odeur des rues
l'odeur du sable
l'odeur des routes,
que la chaleur
et les orages
cassent et lézardent;
et sur cette croûte
l'herbe repousse
déjà brûlée
avant de pousser,
et le temps suinte
un immortel été
en chacune des pages
de son éternité...
Un jour comme un autre
sur une terre qui parle
à celui qui l'écoute.