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Soeur de la Vouivre on la nommait Rivière
par Francis


Pourquoi les terres ont-elles toujours cette soif d’eau claire ? Est-ce par magie que la rivière répand la vie ? Que j’aime le bruit de la pluie qui vient abreuver la terre et qu’il est doux le chant de la rivière qui m’ensorcelle quand vient la nuit. À la veillée, au village de Grande-Terre, les hommes évoquaient la sorcière nommée Rivière, l’un d’eux s’est avancé et il a raconté : C'était à ce moment de la journée où les grenouilles se taisent et les libellules viennent jouer dans les reflets et scintillements sur le mouvement des eaux. Oui je l'ai entendue chanter un soir près de la rive. J'ai deviné sa silhouette et ce fut comme une évidence j'ai reconnu cette femme et sa démarche chaloupée. Vive, je l'ai vue disparaître comme évaporée quand elle s'est approchée du pont de travers sur le fleuve ambré d'ombres et d'hier. Petit à petit, elle a semblé renaître et s’animer. Elle a traversé la brume, quitté son territoire, elle est venue à ma rencontre. J'avais le sentiment de l'accompagner dans le méandre de ses pensées. De cette créature en clair-obscur a glissé une larme irisée. Elle a coulé comme coule la sève avant de devenir ambre transparente et vous emprisonner. Je ressentais, j'avais ce sentiment... Je ne sais par quel enchantement je me suis figé. Envoûté par son regard j’étais devenu reflet de ses iris, je me suis senti mis à nu et transpercé. J'étais enfant baptisé, adolescent ou guerrier dans la force de l’âge. Elle semblait sauvage, féline et devenait celle dont j’avais rêvé. Je lisais sur ses lèvres dans les mouvements de sa petite langue, une tendresse terriblement charnelle et nos désirs naissants. Elle était source limpide je voulais m'y désaltérer. L’écho de sa voix ourlé aux vagues de son souffle venait jusqu’à moi, chants de mots inconnus. Je l'ai entendu murmurer : La terre est porteuse d'eau comme une mère en son ventre porte l'eau et son enfant. Elle était femme eau vive ou animal étrange, je l’ai désirée. En moi elle a tout vu et deviné. Elle était mon désir, ma force, mes faiblesses, mensonges et vérité. L'air est devenu mouvement, les nuages ont laissé filtrer la pluie et les rayons d'un soleil rouge. Nous nous sommes rapprochés, dans les hautes herbes humides de la berge nous étions couchés, j’étais elle, elle était moi, alors c'est sans doute comme ça qu'elle m'a aimé. Aujourd’hui encore je ne sais pourquoi les terres ont toujours cette soif d’eau claire, mais je sais que la sorcière nommée Rivière est femme aussi, qu’elle m’a envouté et laissé la vie.



Poème posté le 01/11/19 par Francis


 Poète
Francis



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