Conte de la mille et deuxième nuit
par Gjaril
Sur une chanson à boire
en guise de conte de fées
prêtez-moi une oreille
pour nier la bienséance
et ravir au passé
cette histoire que la cloche
dédiait à sa légende.
Parmi ceux qui au rouge
s'étaient voués corps et âmes
un savait grâce à Dieu
à Bacchus ou au Diable
débusquer les bouteilles
où maronnait son pote
le génie du raisin.
Au hasard des chemins
un enfant averti
de ce don peu commun
trouva la fête trop belle
d'approcher le saint-Graal
en voyant ces deux-là
rire de tout et de rien.
"Les femmes" dit le clochard
"sont un peu toutes les mêmes"
(il compta sur ses doigts)
"celles qui prennent ton train
et les autres qui le ratent,
celles qui tiennent dans ton sac
et les autres qui le porte".
"Quand on court les jupons
au hasard des cafés"
ironisa le génie
"on trouve rarement
une chaussure à son pied
mais qu'importe la pointure
à qui aime gambader".
De Charybde en Scylla
ils trinquèrent aux gendarmes
fustigèrent les rupins
entre deux bras d'honneur
la liberté en prime
trouva même de bon ton
d'être haïe par les cons.
Mais l'heure était venue
pour le pauvre génie
de faire d'un dernier trait
son oraison funèbre:
"entre le cul des femmes
et celui des bouteilles"...
commença-t'il à peine...
"Quand on rit au premier
c'est qu'on pleure au deuxième"
acheva le clochard
qui, l'euphorie en berne
partait bon an mal an
glorifier au café
la mémoire du défunt.
Dont le souffle mortuaire
édifia le gamin
d'un zeste d'importance:
"par les voies de traverses
on trouve mieux son chemin,
les autres ne nous apprennent
qu'à défiler au pas"...
Alors, sur un clin d'oeil
dans l'air, il s'évanouit
"les autres ne nous apprennent
qu'à défiler au pas"...
Et l'enfant repartit
comme mûri par ces mots
vers l'école en souriant.
Poème posté le 17/08/22
par Gjaril