Poème Voyage au-delà de l’amour mesquin par Socrate

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Poésie libre / Voyage au-delà de l’amour mesquin

Voyage au-delà de l’amour mesquin
par Socrate

J’ai quitté la terre où je ne me croyais pas l’étranger pour découvrir que mon départ n’y était pas tant redouté. Je lui ai dit au téléphone « Va voir ailleurs si tu y tiens. L’herbe y sera peut-être plus verte, pour autant qu’un autre Attila ne soit pas passé avant toi. » Alors elle est partie, car elle a vu une ombre sur l’herbe de la prairie, étrangement semblable à la sienne, et qu’elle a prise pour celle d’une âme errante. Les fantômes n’ont pas d’ombre, mais je n’ai rien dit. Il faut bien comprendre qu’être une jeune et jolie comédienne dépassée par l’effet de sa gamme émotionnelle est un métier difficile, surtout quand il s’agit d’annoncer des tristes nouvelles sur un air de rengaine barbant à en crever. C’est qu’elle est maladroite, vous savez, et la distance n’arrange rien pour sûr. D’ailleurs, je dis « à en crever », parce qu’il faut bien mourir pour renaître. Mon voyage sera d’autant plus réussi que je serai descendu loin dans la chaleur des Enfers, parce qu’une fois remonté à la surface je profiterai pleinement de l’hiver canadien. Je t’aimais beaucoup tu le sais, mais pardonner ne signifie pas que je puisse encore ressentir de l’amitié pour une engeance du chaos. La messe est dite et il n’y a rien à ajouter, amen.

Poème posté le 26/09/22 par Socrate

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