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Poésie libre / OTIS social
              
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OTIS social
par Jim


Je suis l'homme actuel, fier et digne exemplaire. A confluence de lignées de paysans, Autant de plaine autant de monts, voici des ans Que ma figure à nul ne s'efforce de plaire. Bien avant d'être bleu, de tous le sang est rouge, Et c'est de pêche, et c'est de chasse, vigne et blé Que sa couleur est animée ; ce vin troublé Par tous ceux confondant le palace et le bouge. Demeurer paysan ou devenir valet, A moins de s'abrutir au fin fond d'une usine, Bref, n'avoir d'autre choix que de courber l'échine, De cette liberté on doit se régaler ! Et l'école est bien là pour maintenir en rang Tous les joyeux moutards, lesquels rien n'y comprennent ! Tu devras être heureux qu'entreprise te prenne, Car il faut du progrès bien suivre le courant. Accomplis strictement ce qui t'est demandé, N'en fais ni plus ni moins, cette bonne conduite Au corps social permet de garantir sa suite : Le pas du citoyen doit être bien scandé. Ne vise pas plus haut que le bout de ton nez ; En université, tu crois gagner les sphères, Mais nul ne s'intéresse à ce que tu peux faire ; Pour dominer d'abord, il faut être bien né. N'oublie que le savoir doit servir le pouvoir Et, que de faculté, on préfère l'école. On ne veut un savant, on lui préfère un drôle Qui sait manigancer et comment se mouvoir En respectant la norme, en activant process. Du crâne le bourrage et le répons réflexe, Voici ce que requiert un agir sans complexe Pour un jeune crétin qui se remue la fesse. Faute d'être un chercheur, faute d'être un artiste, Qui de l'honneur humain est un cultivateur, Voici venu un hystérique agitateur, Petit César perdu sur du cirque la piste. Qui se brûle à la rampe en fumée s'évapore. Ô fils obéissant, quel que soit ton niveau, Que ton mérite brille et que sois sans rivaux, Soumets-toi au guignol que les foules adorent. Quand tu étais gamin, qui donc était élu Lorsqu'on vous demandait un délégué de classe ? Il était bien choisi par la plus grande masse ! Par quelle qualité au nombre avait-il plu ? Le plus grand, le plus beau, le plus fort, le premier ? Le plus intelligent ? Souvent, un chef de bande. Celui qui, protégé, mérite qu'on le pende, Celui qu'on craint, celui qu'on traite de fumier. Architecte, ingénieur, médecin, te voilà, Sur le plongeoir de l'avenir, va, bondis, saute ! Réfléchir trop longtemps est la pire des fautes ! Pour surgir, qu'a cédé, dis-moi, Cinderella ? Si tu n'as de chausson, tu seras employé, Employé aux écritures, malgré le titre Dont tu te gonfleras, consultant, ou sous-pitre, Avec lequel nourrir tes rêves oubliés. Mais si demain tu dois descendre de ta tour, De gloire et d'artifice, hors cet échafaudage Auquel on consacra des siècles de montage, N'as que ta nudité comme dernier atour Alors, que feras-tu pour simplement manger ? Te raconteras-tu cette plaisante fable De ce roi merveilleux sans convive à sa table, De ce marin roublard qui n'apprit à nager ? Il était une fois un bipède banal Apeuré sous la pluie, tout nu sous les étoiles ; Il hurla sa terreur, il se couvrit de voiles Et, de tous les vivants, devint le plus fatal. ©Persona

©Persona

Poème posté le 28/11/22 par Jim


 Poète
Jim



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