10 mars 2017
par Exploratrice
J’étais larguée. Alors j’ai marché sur les capitales d’Europe comme si elles m’appartenaient, des liasses de billets
entre les mains, des étoiles dans les yeux, des grands espoirs dans le coeur. J’étais une gamine inconsciente qui
suivait les premières personnes qu’elle trouvait parce qu’elle n’avait rien de mieux à faire. J’ai rencontré des gens
aux antipodes les uns des autres, je me suis fondue dans leurs personnalités pour échapper à la mienne. J’ai suivi
leurs chemins pour ne jamais trouver le mien. J’ai vu des étrangers devenir mes amis d’un soir et des amis de
toujours devenir mes étrangers. J’ai vu la joie dans des yeux et le désespoir au fond des âmes. J’ai vu des nations
bourrées, des visages angoissés devant les méandres des cartes dépliées, des fous en liberté, des couchers de soleil
à se damner, des aubes complètement arrachées. Nous étions perdus sur ce trottoir, nous étions cette bière
partagée, ce train en retard, cette nuit de débauche, cette auberge blindée, ce rendez-vous à Covent Garden , cet
aéroport au petit matin , cette pièce jetée par dessus l’épaule, cette photo ratée . Nous étions sans lendemain, nous
étions des instants, des promesses et surtout des adieux. J’ai compris que les vrais voyages, ceux qui vous
changent et vous élèvent, se font à travers les gens.
Poème posté le 08/01/23
par Exploratrice