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Poésie libre / Le Reniement de Pierre
              
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Poésie libre / Le Reniement de Pierre

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Le Reniement de Pierre
par Nicolas


La foule, au sanhédrin, toise le prosélyte : « Ils mènent jusqu’au temple un satané vaurien ! » « Qui démarche partout, professe et ne fait rien ! » « Assez ! A mort ! J’ai vu le brigand qui milite ! » Le Christ, vide d’espoir, se tient face à l’élite : « Sion entière frissonne à chaque ordre romain, Triomphe-t-on du mal en énervant sa main ? Ignores-tu comment Dieu juge, israélite ? » Près de la porte, Pierre observe le Seigneur Enseignant par la grâce au sacrificateur Et ressent plus en plus que le doute l'accable ; Le peuple le regarde et pose une question : « Toi ! Je te reconnais ! Ne suivais-tu ce diable ? » Et l’apôtre, surpris, vient leur répondre : « Non ! ».

LE RENIEMENT DE SAINT PIERRE

Qu’est-ce que Dieu fait donc de ce flot d’anathèmes
Qui monte tous les jours vers ses chers Séraphins ?
Comme un tyran gorgé de viande et de vins,
Il s’endort au doux bruit de nos affreux blasphèmes.

Les sanglots des martyrs et des suppliciés
Sont une symphonie enivrante sans doute,
Puisque, malgré le sang que leur volupté coûte,
Les cieux ne s’en sont point encor rassasiés !

— Ah ! Jésus, souviens-toi du Jardin des Olives !
Dans ta simplicité tu priais à genoux
Celui qui dans son ciel riait au bruit des clous
Que d’ignobles bourreaux plantaient dans tes chairs vives,

Lorsque tu vis cracher sur ta divinité
La crapule du corps de garde et des cuisines,
Et lorsque tu sentis s’enfoncer les épines
Dans ton crâne où vivait l’immense Humanité ;

Quand de ton corps brisé la pesanteur horrible
Allongeait tes deux bras distendus, que ton sang
Et ta sueur coulaient de ton front pâlissant,
Quand tu fus devant tous posé comme une cible,

Rêvais-tu de ces jours si brillants et si beaux
Où tu vins pour remplir l’éternelle promesse,
Où tu foulais, monté sur une douce ânesse,
Des chemins tout jonchés de fleurs et de rameaux,

Où, le cœur tout gonflé d’espoir et de vaillance,
Tu fouettais tous ces vils marchands à tour de bras,
Où tu fus maître enfin ? Le remords n’a-t-il pas
Pénétré dans ton flanc plus avant que la lance ?

— Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait
D’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve ;
Puissé-je user du glaive et périr par le glaive !
Saint Pierre a renié Jésus… il a bien fait !

Charles Baudelaire

"Plusieurs manuscrits donnent au porteur du surnom ou cognomen Barabbas le nom de Jésus, mais celui-ci a été ensuite écarté des manuscrits [...] Le sens étymologique du cognomen ou surnom de Barabbas est « fils du père » (de bar, en araméen : fils de, et Abba, Père)"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Barabbas


Poème posté le 04/02/23 par Nicolas


 Poète
Nicolas



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