Le souffle
par Aquila
Le souffle des poètes
Courbe les champs de blé,
Fait rougir les océans,
Attire les amants,
Déverse en trombes d'or
La beauté originelle
Sur la douleur du monde.
Ce n'est pas moi qui écris.
Rimbaud se déchire
Dans les ronces des marais de l'Oubli;
Villon, braguetteur fou, éructe de jouissance;
Et le doux Jammes,
À genoux devant l'oiseau blessé,
Pleure comme un enfant.
Ce n'est pas moi qui écris.
Brassens chante Hugo qui lit Ronsard,
Perdu dans les chants homériques ;
Barbara murmure Piaf.
Ferrat gueule Aragon
Et je résonne des psaumes bibliques.
Ce n'est pas moi qui écris.
L'hirondelle crie sa joie au faîte de midi.
Les jonquilles s'infléchissent vers la note bleue,
Le fracas des pétales de rose qui tombent
Me réveille en sueur.
Ce n'est pas moi qui écris.
L'égo cosmique me harpe,
Loin, au-dessus de vous tous,
Planquée à l'ombre des étoiles filantes,
Je me liquéfie dans un magma christique ;
Pourtant, encore, venant de la Terre,
J'entends le bruit de l'herbe qui pousse...
Poème posté le 24/02/23
par Aquila