Kairos
par Effarouchee
« Respice post te! Hominem te esse memento! »
Tertullien, Apologétique.
Un petit un tout petit pas
De l'aiguille Un prélude au glas
De la douzième
Et cet instant l'as-tu saisi
Il est fané sitôt cueilli
A part l'extrême
Tu sais celui du grand départ
Celui qui troque le nectar
Contre une obole
Tout poète veut le dompter
Dans un beau vers L'emprisonner
Dans un symbole
Autant vouloir saisir de l'eau
Crois tu tromper par un rondeau
Jusqu'à l'horloge
Que feras tu moribond gourd
Ne le sais tu Le temps est sourd
A tout éloge
Si dans chaque ombre attend la nuit
Dans chaque instant bat l'infini
Qui s'évapore
Egratigner l'éternité
Du bout des doigts Réalité
Ou métaphore
Ceci est mon ultime aveu
J’ai voulu devenir un dieu
Bâtir l'empire
J’ai renversé le sablier
Rêvé de pouvoir foudroyer
Le grand vampire
J’ai parcouru des univers
Vu une myriade d’hivers
Foulé les nues
Et devenu le grand lion
J’ai fait des constellations
Mes avenues
Mais sur le dernier échelon
Je le croyais un échanson
Un simple éphèbe
Je n’ai pas su saisir Kairos
Cueillir l’instant avec pathos
Comme la plèbe
Mais toi qui veux battre le temps
Contemple donc quelques instants
Mon cénotaphe
Et vois mon chant toujours inscrit
Mon triomphe Mon dernier cri
Mon épitaphe
<br />
Février 2010<br />
<br />
Aurélien Clause
<br />
Les mythes ne sont pas de simples fables; ce sont des fragments de l'Histoire vus à travers les yeux d'un poète.
Poème posté le 23/03/10