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Primaire
par Salus


L’école ne me fut qu’une torture idiote Où l’instituteur fat niait toute révolte Et plus grave, enseignait aux élèves mentir, Et sainte hypocrisie… puis l’abstruse récolte Donnait, sélectionné, le bon con-patriote ! Ceux dont l’instinct furieux refusait d’abrutir L’âpre curiosité, se mettaient à haïr Ces vieux qui, d’aussi haut, promulguaient le dahir, Imposaient le dictat de la juste pensée, Fiers d’une âme empesée - et laïque, et hantée - Imbus de leur devoir sacré de citoyen, Ils alliaient le verbe à la trique éhontée, Leur empathie était une plaie impansée, Et l’élève rêveur ne valait pas un yen ! Fils de misère et d’étrangers s’humiliant Quand, convoqués, ils apprenaient leur gnard feignant.. … Et donc, j’en vins à feindre, à mentir, puis à mordre ; J’intégrais chaque pont, chaque pas, chaque dièdre, Je dressais une carte au contour affolant Où Racine aurait pu faire évoluer Phèdre, Tant, tragique, ce champ ne puisse que distordre En affres perverses cet entendement lent Dont l’or assurera l’équilibre, le long Qui nous échoit dans ces dédales de mah-jong. L’amère prison morne et fade de l’étude (Huit ans, qui tout compris, ont étouffé l’aède) Fut égayée – au mieux – d’enfantines terreurs Lorsque quelque instructeur nous imposait son aide, Le pouvoir dangereux de sa sollicitude ! Et c’était l’absolue angoisse des erreurs, La répression sévère où je perdais le nord, La dépréciation, la honte, un goût de mort… Au soleil interdit de l’austère fenêtre Comme au poêle ronflant, dans les fureurs de l’âtre, La vie, en consumant ses ombres et ses feux, M’était toujours volée, et mon unique emplâtre Etait l’imaginaire où les branches du hêtre, Là-bas, au vent d’automne agitaient les cheveux D’une gorgone immense au mouvoir sinueux ; Songes proscrits, cachés, dont l’âme est échue - eux ! Eux ! rêves enragés, l'illusion du phantasme ! Et je m’y débattais, contre plus d’un fantôme Qui traversait le monde de mon intérieur ; Et déjà je savais n’être pas vraiment homme, Et je mimétisais, des miens, comme le phasme, L’attitude, le fard, et prenais l’air rieur. Or notre enclos n’était, à mesure et au fur, Qu’une horreur pour former quelque inepte futur.. Ma scolarité fugitive indéfinie Cessa dès que j’ai pu comprendre qu’in fine, La vie est une fleur, et sera tôt fanée.



Poème posté le 31/10/20 par Salus


 Poète
Salus



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