Amphitrite
par Angieriquedm8
par Angieriquedm8
Nous avions pris le large…
La mer était limande et les nuages filandres
Le soleil boudait depuis l’aube snobant notre équipage
Le ciel blanc s’étiolait en brume au-dessus des eaux
L’âme grise et l’humeur maussade de fatigue plombée
Ballotée par la vitesse et le bruit lancinant des moteurs
Défilaient impassiblement les heures...
En suspend de conscience de mortalité...
Soudain, sur les flots lisses
Une myriade de poissons volants éveilla mon regard endormi
Aussitôt suivie
D’une déchirure de nageoires dorsales sur l’onde assoupie
Ô miraculeuse apparition !
Une armada de delphinidés surgissait des eaux
brisant d’un jet l’entrave de mon âme morose.
À tribord, à bâbord , à la proue, à la poupe,
ils nous rejoignaient de plus en plus nombreux,
encadraient et accompagnaient le sillon de l’étrave du navire,
se déployaient de toute part en un magnifique ballet.
Tout autour encerclés par ces efficients mammifères…
Nous étions les hôtes privilégiés de Neptune !
Il honorait notre arrivée de ses vives et puissantes sentinelles
En une escorte surprise, féerique et sauvage !
Sous nos pieds en pendaison, ils s’amusaient à l’unisson
nous offrant leur dos gris ou leur ventre blanc
scintillant sous les rayons du soleil.
De roulades en circonvolutions
De zigzags en accélérations
J’admirais… Leur fuselage si parfait
Je me délectais… Durant une heure de cabotage
De l’offrande magique de leurs facétieux Cabotinages
Quelle Indicible extase !
Lorsque qu’un habitant subtil du monde du silence aqueux
s’échappe en envolée
pour rejoindre le monde du silence aérien
et côtoyer quelque instant les anges …
Ô le silence s’entend ! L’âme hurle comme foule en liesse.
Les yeux flambent et brillent de soleil et de nuit étoilée.
Tout semble irréel, magique et en lévitation.
Un pur moment de grâce !
Mais ensuite… L’abysse soudaine de leur absence...
Leur abandon et notre retour à la terre...
À la réalité… Au terre à terre, de notre réalité…
Notre âme en expectative...
Nos yeux hypnotisés par ce qu’ils venaient d’admirer ...
Nos cœurs encore affolés par notre équipée osmotique
Cette féérie de la fusion de nos deux mondes
Ce shoot d’adrénaline, Cinquante Minutes d’immortalité...
Juste au bout de nos yeux… Juste au bout de nos pieds…
Et depuis ce jour olympien,
la vision de mon âme et de mon corps en équilibre
à la proue du navire admirant la danse
de ces divines créatures hante mes songes…
La nuit… J’avoue…
Souhaiter que le vent salin entrouvre mes persiennes
et s’engouffre sous mes drags...
Que Poséidon me ravisse aux bras de Morphée
M’enlève sur son char marin attelé de magnifiques dauphins
Juste pour une seule minute, une seule heure d’escapade
Où je trônerai à ses côtés en Amphitrite rayonnante
Survolant glorieusement le royaume des eaux..
« Le paradis n'est point un lieu, c'est un état d'âme, c'est la félicité ».
Citation de Henri-Frédéric Amiel ; Journal intime, le 31/01/1850.
La Version longue de cette aventure avec quelques photos sera bientôt sur mon blog. voir nouveau lien sur mon profil.
Poème posté le 29/01/21
par Angieriquedm8