Pauvre Phalle s’en va à travers bois
Ballotant ses bourses de guingois
Désespérément voûté en vrille émoussée
Il ne voit rien du ciel, racle la terre, se griffe aux ronces
Nu et fripé, le pelage en amertume,
Phalle va sur la montagne, insensible aux senteurs
A l’orée des sapins, la mousse compacte se refuse
Mais soudain sous sa hampe, un éclair poudroie une perle rose
D’une génuflexion il s’approche, entrouvre la toison
Goûte la moiteur, respire le feuillu
L’amanite rougissante se déploie
Coule la source sous la mousse
Phalle se redresse, retrousse son manchon, rectifie ses fruits
Plonge dans le puits qui s’ouvre entre les lèvres moussues
Veloute les drapés, se noie dans le bouillon, macule de nacre la voûte
Les toisons entremêlées ruissellent une voie lactée suave
La tempête se lève dans la sapinière,
Hurlent les souriceaux, feulent les limaçons,
Explose la vermine en éclairs cinglants
Et dans le silence encore frémissant
La vulve comblée baille un adieu,
Riche Phalle s’en retourne,
Scintillant de perles d’eau musquée