Mèche courte
par Salus
A toi qui ne meurs ni ne tombes :
Nos existences sont des bombes
Qui font long feu jusqu'à nos tombes.
C’était la vie et ses autans…
M’étaient beaux, la pluie et le temps,
Les lointains d’un moment perdu,
L’interdit du souvenir tu…
Quand je pense à l’étrange enfance
D’où s’enfonce ce que je lance,
Je n’y vois plus qu’un peu des feux
Étouffés de mes désaveux ;
La promesse toujours trahie,
O déesse ! – et je t’ai haïe
De m’avoir l’esprit capturé !
- Et passer le cap a duré
Ce que dure la vie aux roses
- Les heures fuient aux vents véloces -
La chair m’est lointaine à présent,
Son souvenir va, m’oppressant,
Aphrodites, belles amies,
Errant les noires latomies
Pleines d’arides profondeurs
Où subsistent, rares odeurs,
Les fragrances désaffectées
De vos folles ferveurs athées !
Quelle amnésie, O mes amours
Vous fait fuir loin des esprits gourds
Dont le vent me souffle et s’échappe
Vers l’Enfer, où Cerbère jappe
Son hurlement incohérent…
…Jadis, j’avais plus d’un parent,
Premier cadet de la fratrie ;
La vie étrille, et taille, et trie,
Il ne me reste, du magma
Qui me bouillait, qu’un vieux tag, ma
Fièvre ne suinte, ainsi dissoute,
Que de caustiques fleurs de soude
Et d’esprits acides, du sel
Rongeant ce cantique, missel
Brut de fonte et de décoffrage,
Où se purge un peu de la rage
Qui me tremble au flanc et m’agit,
Tel qu’une drogue où le sens gît,
Dédale, et puits de ces Cocytes,
Muse, que sans cesse tu cites
Pour me rappeler que, damnés,
Malgré rires et pieds de nez,
La mèche nous brûle, et s’écourte
Vers le grand vide, encore accorte
De son sourire carnassier !
Néant puant, pis que lisier,
Qui semblait, magie infinie,
Narguer ce temps mort qu’on renie…
Poème posté le 27/04/21
par Salus