N'oubliez pas, élus, que vous êtes payés
Pour que soit entendue du peuple la parole
Et, de l'Histoire votre nom sera rayé,
Si du trahir vous devenez la parabole.
Mais rappelons le sens du mot qui se délite,
Que sans électorat n'existe aucune élite.
Par une seule voix, nous sommes plus de cent
A décider, majorité silencieuse,
De plier genoux car : qui ne dit mot consent.
La liberté devient faute licencieuse,
A vous entendre protester, quand nous voulons,
Quand dans la rue, heureux lurons, nous déboulons.
Ils sont là pour traduire votre volonté
Pour accomplir ce qu'à leur place vous feriez.
Rappelez leur que travailler n'est pas férié !
Par leurs voix, par leurs mains, c'est vous qui édictez
Les lois qui sont à faire ou encore à défaire.
Vous êtes seuls à détenir poigne de fer.
Vous ne devez respect qu'à vos décisions
Puisque par eux, à vous-mêmes obéissez ,
Et si vous les craignez, lors vous vous trahissez !
Vous leur faites l'honneur d'être en soumission
Comme ce père inquiet de la santé du fils,
Pour lequel l'avenir justifie son présent.
Mais souvent les héros naissent d'un père absent.
Se gouverner soi-même est le plus grand défi.
Quand dort le député règne alors la putain!
Regardez-le à l'œuvre, il assimile, il pionce !
Dans son sommeil, il compte, avare, son butin.
Sa vie n'est pas pavée de pétales de ronces !
Qui donc voudrait sur scène un si nul cabotin ?
Une chose craint-il : maintenir son scrutin !
Quand il est là ! Sinon, par son absence, il brille !
Sur sa chemise, il rote, il porte vos guenilles.
Vous habillez ce porc, et ce prélat pavoise
Sur ce pavois que vous portez, il se prélasse !
Et l'horizon d'un compte en suisse, son œil toise ;
Et beau comme une liasse, il s'aime dans les glaces !
Il n'est pas d'autres dieux pour l'élire que vous.
L'élite, c'est cela, l'élu qui se dévoue
A servir un peu plus, sans user ses genoux,
Le pognon qu'on lui sert; qui donc fait cela ? Nous !
Non aristo, celui qui dort en ce palais
N'est, en fait, qu'un, parmi le staff de nos valets.