Il fut un temps qu'on insérait dans la savante
cette langue vulgaire, afin que soit la plèbe
éclairée. Lors l'office elle pouvait entendre
sans saisir aucun mot du discours récité.
Lalbat part umet mar atra sol
Poy pas abigil miraclar tenebras.
Parfois, pour faire chic, on imitait la langue
des simples. Le garçon écrivait à la place
de la fille, et la fille en place du garçon.
Mon Dieu qu'en ce temps là, le monde était charmant !
Lalbat part umet mar atra sol
Poy pas abigil miraclar tenebras.
Ensuite, on inséra dans la langue savante
du charabia qui ressemblait, sans pourtant l'être,
à la savante, afin d'y mêler de l'étrange.
Dieu qu'en ce temps là, on savait s'amuser bien !
Lalbat part umet mar atra sol
Poy pas abigil miraclar tenebras.
Aujourd'hui, on éclaire afin d'embrumer bien,
et savant se croit-on lors d'un discours fumeux ;
le soleil, le miracle, et l'aube et la ténèbre,
d'être là font semblant, alors que tous absents.
Dans le vide des yeux, quel est donc ce souris ?
Y brille morne et terne l'Aube de Fleury.
Une "Aube" est un poème du Xe siècle qui retrace la séparation douloureuse des amants (illicites) quand vient le matin. Elle se compose de trois strophes de trois vers latins, suivies d'un refrain de deux vers en langue romane. Les deux vers ici cités, issus de "l'Aube de Fleury", sont du canada dry : ça ressemble à du roman, mais ça n'en est pas. Ils ne sont toujours pas élucidés !