Ce fut d'abord, montant du vallon broussailleux,
Une touffeur profonde, une chaleur puissante
Gonflée d'un râle épais, tourmenté, rocailleux,
Etrange feulement de bête agonisante.
Soudain je les ai vues, tapies à quelques pas,
Ces flammes qui rampaient, puis bondissaient plus fortes.
Je le savais déjà : je ne survivrais pas,
Et tout ne serait plus, bientôt, que terres mortes.
Ce fut ensuite, né du ciel enténébré,
Le grondement têtu d'un moteur solitaire,
Suivi d'un autre encore, et dans l'air excédé,
Le largage de l'eau désirée, salutaire.
Alors je les ai vus, courageux, décidés,
Ces hommes qui braquaient leurs regards et leurs lances
Sur le brasier dément plein d'échos déchirés,
De fuites sans espoir et de défunts silences.
Enfin ce fut la nuit, béance de l'enfer
Qui sans cesse attisait en son sein maléfique
Ce combat inégal, sans merci, grave, amer,
Qui semblait orchestré par un géant sadique.
Las ! Je ne vis plus rien, je n'étais plus que feu,
Plus qu'un long sifflement, de la cime aux racines.
- Les pompiers luttaient, seuls, pour conserver un peu
De la splendeur passée des bois et des ravines.
Je ne pensais pas que mon texte serait d'une si triste actualité,
l'incendie de forêt dans le Massif des Maures continuant ...
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