C’était un soir d’été, calme, chaud et désert :
Pas un bruit dans la rue, et dans le ciel limpide
Le soleil descendait, nonchalant et splendide,
Le soleil s’inclinait, vaste, immobile et fier.
Quelque chose, soudain, un son clair, nous saisit :
C’étaient deux chats perdus qui appelaient, tenaces,
C’étaient deux jeunes chats, silhouettes fugaces,
Deux petits vagabonds qui cherchaient un abri.
Nous voulions les nourrir : ils se sont approchés,
Alléchés mais prudents, hésitants, malhabiles ;
Puis, brusquement, en quelques bonds vifs et graciles,
Bravaches et joueurs ils se sont échappés.
C’était deux jours plus tard, en plein après-midi,
Nous les avons revus, chassés avec rudesse
Du jardin d’à-côté, privés de la tendresse
Qu’ils quémandaient, le pas moins sûr, plus assombri.
En toute hâte nous les avons recueillis,
Sales et affamés, déjà meurtris, fragiles ;
Très vite ils ont montré, confiants et tranquilles,
Un total abandon sous nos yeux ébahis.
Depuis, jour après jour, des matins de printemps
Aux feuilles de l’automne, ils sont douce présence,
Poésie, réconfort, rires, parfum d’enfance,
Du vent gris de l’hiver aux lents étés brûlants.