D'autres moutons
par Lau
Et quand il faut dormir, c’est l’image mentale
-Brillant cresson, liseron d’eau, fine lentille-
Qui danse sur la mousse au ru vif et son flot
Mêle aux verts fils, l’ocre dehors de la brindille ;
Un cône cogne une pierre ancrée au dédale,
Et hop ! dévale et vers l’aval, sème l’îlot.
Mais quand il faut dormir, c’est parfois le crotale,
-Sa langue, aux sens, un tempo glaçant siffle, instille-,
Il trouble la rivière et troque le gala
Du soir qui mène alors une vile flottille
Au son d’une crécelle où la terreur s’installe,
Mais l’esprit sait s’échapper de ces choses-là.
Moi, quand il faut dormir, c’est souvent la vestale,
-L’almée aux cheveux noirs qu’épouse une mantille-
Qui, de son charme irise et mon cœur, et mon lit
Se mue en un vaisseau dont aucune écoutille
N’amène une lumière autre à ce flou scandale,
Me berce la danse et m’endort ce doux délit.
Mais avant de mourir, toujours, l’enfer étale,
Aux parfums capiteux, mille tétons myrtille ;
Cet enfer m’est délice et l’étoffe est un tulle
Qui, subrepticement, surgit, dense et distille,
Au long des cils, un khôl qu’a la houri, fatale.
Poème posté le 10/10/21
par Lau