Roulant mille et mille tonneaux
Qu'elle apporte avec ses bateaux,
Elle arrive grise à Bercy
De l'Aube et de l'Oise grossie.
Un peu vaseuse, ell' s'est creusée
Au bonheur des tanches un lit
Pour désormais se la couler
Douce près de l'îl' Saint Louis.
La Seine est bien comme une femme
Lascive, ell' serpente et sinue
Et comme nous tous ell' s'enflamme
Si l'on perd les sens et pollue.
Elle a rencart quai de l'horloge
Avec l'île de la cité
Qu'à leurs toil's les peintres s'arrogent
A coups de couteaux bien tirés.
Saint'-Genevièv', pont des tournelles,
Bienveillant', surveille la scène
Et prenant bien garde à ces lignes
Ses eaux ne perd'nt jamais leur fil.
La Seine est bien comme une femme
Pour attirer bien des pêcheurs:
Ouvrant ses bras à Notre-Dame
Elle embarque les amateurs.
Les monuments sur son passage
Lui font comme une haie d'honneur
Et donnant aux flots leur image
Paris entre en Sein', quais des fleurs
La Concierg'rie, le Chatelet
Le Louvre, le musée dOrsay
Accompagnent son cours d'histoires
Qu' les bouquinist's ont en mémoire.
La Seine est bien comme une femme
Pour colporter bien des rumeurs
Mais élégante, ell' se pavane
A faire chavirer les cœurs.
A ses berg's, on mouill' de plaisance
Quand chaloupée, ell' se balance
Et s'enlace aux jambes des ponts
Qui jouent comme à saute mouton.
Elle a des courbes si gracieuses
Qu'on se la boucl' juste à les voir
Et chaque nuit ensorceleuse
Les lumières dans'nt en ses miroirs
La Seine est bien comme une femme
Et sa rivière est de diamants
Le chant de ses sirènes charme
A noyer jusqu'au vert galant.
La Seine se fait toute belle
Des Invalid's au Grand Palais
Avant de voir la tour Eiffel
Grandir au champ de Mars tout près.
Un peu plus loin à Bir-Hakeim
Elle prend des airs d' liberté
Mais parvenue quai Citroën
A Passy, elle est dépassée
La Seine est bien comme une femme
Dont le lit attir' les amants:
Combien donc ont perdu leur âme
A se jeter dans son courant.
La Seine, on l'aim' surtout l'été
Quand ses quais se transform'nt en plage
Et qu'en maillot de bain moulé
On fait bronzette à son rivage.
Ne jetez pas sur elle un froid
Pour qu'elle devienne de glace
Et faîtes tout ce qu'il se doit
Afin de rester dans ses grâces
Car la Seine est bien une femme
Qui s'engrosse aux crues du printemps
Et l'on peut s'appeler Paname
A ses scèn's, on est impuissant!
Texte mis en musique et interprété par JMD
http://salertchansons.centerblog.net/rub-chansons-sur-paris-.html