Coût de foudre
par Salus
J'avais laissé mon cheval
Dans le val,
Et continuant à pied,
Tel qu'il sied,
J'entrai chez Dame Morgane
Fée insigne que Dieu damne...
- Dès que dans sa maisonnette,
Pour lui demander son aide,
Tombant à, je lui dis nous,
Ses genoux,
Sommes victimes, cruel,
D'un sort tel
Que notre amour pur balance
De l'ire à l’indifférence
Jusqu'à devenir de glace,
Fais quelque chose, de grâce !
Ma mie et moi regrettons
Nos grés bons
Qui nous faisaient, amoureux,
A nous deux,
Un seul reflet de lumière
Sur notre île douce-amère
Où tous les jours luisait l'astre
De tendresse et de contraste...
Mais le démon de l'ennui
Nous a lui
De son nimbe fade et plat,
Sans éclat ;
L'autre est devenu la vitre
Par où terne l'on voit l’hydre
De l'atone et morne Lerne
Dont toujours l'eau coule en berne
Noyant le rire et les fleurs
Dans nos cœurs
Qui n'aspirent plus qu'un sang
Vide et blanc...
Fais, pour que le feu revienne,
Moi la manne, magicienne,
D'une nécromante passe
Dont tu sais, secret rapace,
Des arcanes infernaux
Nourrir nos
Pauvres esprits étiolés,
Et, trop laids,
Les sentiments réciproques,
Qu'hier on croyait si proches,
Transformés en de lointaines
Et pâles faridondaines.
Prépare-nous pour le moins
Quelques soins,
Un onguent, même coûteux,
Pour nous deux !
Or la diablesse superbe,
D'une voix tenant d'Euterpe,
Ipso facto m'enveloppe
De mots doux, jusques à l'aube,
Qui m'ont fait éperdument
Son amant,
Son obligé, son vassal,
Et le graal
Du fanal fui de ma belle
Battit - pfuit ! - dès lors de l'aile,
Tant la fée à ce jeu forte
M'avait envahi l’aorte !
J'appris, las, un peu plus tard
Le départ,
Par la hart, de mon vieux flirt
Dont la fleur
Fanée avait lâché l'être
Pour le néant de Bicêtre,
Acquittant le prix du charme
Méchant, nul ne s'en alarme,
Que ma nouvelle passion
- Dérision -
M'avait, exorbitant dû,
Bien vendu...
Poème posté le 09/11/21
par Salus