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Poésie d'hier / Tartarin
              
Poésie d'hier / Tartarin
         
Poésie d'hier / Tartarin

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Tartarin
par Germain NOUVEAU


De Marseille, moi ? de Marseille ? Tu veux que j’en sois, c’est trop fort ! M’entends-tu dire qu’il « soleille » ? Je ne suis pas né dans le Nord, Je dois en convenir sans honte ; Mais on peut venir du Midi, En chair, en os, et même... en fonte, Sans sortir de Lonchamps, pardi ! Si j’en étais, m’en cacherais-je ? Au contraire, j’en serais fier : Il y tombe aussi de la neige, Et comme au Havre... on a la mer. Je ne vois pas la différence ; Affaire de goût, de couleur. Du reste, Marseille est en France, Sur la carte, aussi bien qu’Harfleur... Voyons ! qui ferait des manières Pour en être s’il en était, La ville n’est pas des dernières, Foutre non ! car Elle existait Déjà, depuis belle lurette, Qu’on ne parlait pas de Paris, Et qu’aucune autre n’était prête À loger ça... de ses chéris ; Oui, Marseille était grande fille, Que toutes les autres, comprends, Les moins gosses de la famille N’avaient pas encor de parents. Elle est antique !... oh ! mais !... pas vieille ; C’est au contraire la cité La plus jeune et la plus vermeille, N’offensons pas la vérité. Les femmes y sont !... Valentine, Tu les aimerais, comme moi, Si tu voyais la taille fine De Valentine, comme Toi ; C’est ma cousine... elle demeure Ma foi ! par là, pas loin du port... Ce que je sais, ou que je meure, C’est qu’elle aussi l’a beau... le port ! Toutes les autres sont comme elle, Et sans titre, ou sur parchemin, Des reines, jusqu’à la semelle, Avec du poil... pas dans la main. Après ça, vois comme nous sommes Encore, en France, inconséquents : On vient médire de leurs hommes ! Serait-ce qu’ils sont tous marquants ? Il se pourrait, car on les chine, Tiens ! surtout de votre côté, Où l’on dédaigne la sardine ; Ah ! le hareng... a sa beauté ! De temps en temps, on entend dire : « Oh ! le Marseillais ! » Eh ! bien, quoi ? Le Marseillais ! il aime à rire. Prises-tu les gens tristes, toi ? Il est brun, n’a pas les dents noires, Il sait lire, écrire et compter ; Il a toujours un tas d’histoires Crevantes à vous raconter : Poli, galant avec les femmes, Il n’accepterait jamais rien D’elles, que leurs baisers de flammes : Il fait, ma foi ! bougrement bien ; Qu’on le critique, il n’en a cure, Pas plus que de savoir son nez Au beau mitan de sa figure Ou de ce que vous devinez ; Il est propre, ses mains sont nettes, Leur gant n’est pas mis à l’envers, Et surtout, elles sont honnêtes. Que voulez-vous de plus ? Des vers ? Des vers qui ne soient pas des versse ? Il peut vous en faire... en français... Vous me jetez à la traverse Qu’il est ?... Hâbleur?... Ah ! oui, je sais, Il se vante... d’être modeste, Ça, c’est un tort... il ferait mieux De se vanter de tout le reste, Mais nul n’est parfait sous les cieux. Ainsi, vous voyez bien, Madame, Que si j’étais, comment ? encor ? Moi, Marseillais ! mais sur mon âme. Si je l’étais... j’aurais de l’or, Je n’irais jamais qu’en voiture, Avec un train à tout casser, Tout serait en déconfiture Partout où l’on me voit passer. Je leur montrerais ce qu’on gagne À nous Han-Mer-Dé... Troun-dé-l’ér ! Puisque je suis de la campagne Où l’on respire le bon air, Donc, je ne suis pas de Marseille. C’est vrai, que je suis né si près, Que j’en ai l’accent dans l’oreille... Oui, na, j’en suis... et puis après ?



Poème posté le 29/05/10 par Rickways

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 Poète
Germain NOUVEAU



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