Léodane d'Anseret
par Chorniyburshtynova
En luthier des bêtes, j'étais, jadis, ce bon docile,
Un maître aux doigts agiles, aux soins subtils,
Mais voici, lentement, mes mains s'éteignent, hélas,
Tels rameaux flétris, figés dans le froid des trépas.
Mes doigts, tendres arpenteurs des peaux et des plumes,
S'effritent telles feuilles dans la brume,
Aider les bêtes, jadis mon noble dessein,
Se dissout en soupirs, en éclats incertains.
Comme l'artiste muet devant sa toile blême,
Je me tiens, impuissant, face à ce dilemme,
Les créatures souffrantes, aux appels déchirants,
Voir s'éloigner ma force, ô cruelle tourmente.
Autrefois, compagnon des murmures des faunes,
Je deviens témoin, spectateur des faiblesses qu'on somme,
Mon œuvre s'amenuise, telle une aube sans clarté,
Égaré dans les brumes d'une étrange obscurité.
Seigneur, si mes mains perdent leur doux pouvoir,
Accorde-moi l'apaisement sans déboire,
Que mes gestes d'antan, dans leur humble bonté,
Ressuscitent en d'autres âmes, pour l'éternité
Poème posté le 16/12/23
par Chorniyburshtynova