Mon amour a les yeux qui changent de couleur :
de l'ardoise au saphir, du noir au bleu de perse,
au gré de la lumière ou selon son humeur,
émeraude au soleil, céladon sous l’averse.
Quand j'y plonge les miens, il me semble revoir
le lagon des Glénan s'offrant au ciel de traîne.
Consciente qu'elle est de ce charmant pouvoir,
ne serait-elle pas l’enfant d’une sirène ?
Parfois je le présume et bénis le hasard
qui conduisit mes pas jusqu’à ce bal musette :
valsant en robe rouge, elle avait un regard
mi-amusé, mi-tendre, à damner un poète.
Timide cavalier craignant d'être ennuyeux,
j'avais dit simplement : « Vous avez de beaux yeux ».