Chérir l'aube amarante
par Lefort
Chérir l’aube amarante
L’innocente rosée épouse l’automne d’Afrique,
Le geôlier des ténèbres épargne sa source,
Vénus s’exile sous son nectar idyllique
Avec les halos stellaires de la Grande Ourse.
Seigneur soleil ose chérir l’aube amarante
Saluée par les noirs tourments de ta jupe
Mais la torpeur d’une amourette évanescente
Expire tant cette croupe me préoccupe.
Cupidon est revenu caresser l’extase
Au cercle de mes lèvres perlées de feu,
L’orbe charnel originaire du Caucase
Afflue le long d’un galbe toujours nerveux.
Le léger bordereau de ta bouche écarlate
Demeure aussi brûlant que notre candélabre ;
Entre tes hanches s’écoulent les eaux de l’Euphrate
Lorsque mon corps rempli d’indécence se cabre.
L’estampe nacrée d’un seul baiser se consume !
Ma main, très chère bohémienne du mystère,
Étrenne deux sphères d’opale au noble volume,
Leur jubilé de tendresse écume l’atmosphère.
L’invitation romantique dont je dispose
M’enseigne l’ardente volupté de ta plastique,
Ce sein couronné d’opulence s’anamorphose
Pour retenir la pourpre chaleur Pacifique.
Dans ton minois de Vierge préraphaélite,
L’élogieux regard emprunte un fleuve fantôme
Bleuté tels les jardins printaniers d’Aphrodite !
Je me délecte du plus sublime royaume.
L’humble chapelle champêtre de tes prunelles
Nourrit la majesté même du Taj Mahal,
Elle magnifie des légions d’hirondelles
Puis libère mille papillons de santal.
Le mirage des cieux occulte les nuages,
L’orée dominicale exhibe sa robe
Devant les gémonies lacustres des plages
Quand ta poitrine révèle son mielleux lobe.
Tes yeux mirifiques enfantés par le chenal
S’offrent au corail lunaire de l’iris fécond,
Les larmes d’un ange y brillent comme le Saint Graal
Entouré du Christ et de l’apôtre Simon.
La cuisse adornée d’émeraudes, d’une améthyste,
L’odalisque danse car son ventre ronronne
Ainsi Salomé séduisant Jean le Baptiste
Ou Vertumne admirant la beauté de Pomone.
Mariage de la chair capturé hosanna,
Le palais d’ébène de cette chevelure
Détournent ta promesse faite à l’opéra ;
« Miauler passionnément la bonne aventure…. »
Épris d’un séant confiant sa nature exquise,
J’entends navrer la vertu contre son massif
Doré remémorant ma soubrette soumise ;
Le péché onirique instruit l’instant lascif !
Octobre, clef de voûte de mon obsession,
Délivre quelque moisson de candeur intime ;
Ta silhouette s’efface vers les brumes d’Albion,
L’enivrante tiédeur spectrale nous anime.
Diablesse diaphane défiant l’horizon,
Le ballet étoilé de ton œil océan
Étend la lumière d’Éden au pays lapon,
L’aurore boréale hante le firmament.
Le millésime hypnotique d’un dernier sourire
Inspire la féerie du ménestrel,
Tu gémis sans caprice pour l’odieux satyre
Sur mon voilier d’azur embrasant l’archipel.
Lucifer sollicite ce charme félin
Doté de la meilleure fragrance exotique,
Ton visage immaculé berce le matin
Glorifié par la grâce céleste d’un cantique.
Le souffle d’Éole vénère bien ta guêpière
Prête à réclamer de sensuels sacrements,
Trois naufragés du désir chantent leur prière
Et le séraphin d’argent couvre nos gisants.
R-F LEFORT (16/2/2022)
Voici un extrait du recueil "La Madone des ténèbres"
Poème posté le 28/03/24
par Lefort