Il fait grand soleil dans ma rue,
Pas le moindre nuage en vue.
C’est le rendez-vous des bavards,
De ceux qu’on croise dans les bars
Dans les manifs ou bien au stade,
De ceux qui vont en promenade
La peau du ventre bien tendue,
La langue plus que bien pendue.
Au bal des cons sous mon balcon,
C’est à qui donnera le ton,
À qui mieux-mieux et à tue-tête,
C’est à qui sera la vedette.
Les m’as-tu-vu sont de sortie,
Les rois du buzz et du selfie,
Pile au centre sur les photos,
De profil, de face et de dos,
Mal fagotés de préférence
(Plus c’est moche plus c’est tendance).
Barbecue, bronzette, vélo,
Plage ou resto : Vlan, vidéo !
Au bal des cons sous mon balcon,
La règle est simple : frime à fond,
Toujours plus, encore et encore,
Pleins gaz sur le niveau sonore.
Quand s’amène l’inoxydable
À la jactance inépuisable,
À l’éternel clin d’œil en coin,
Au rire qu’on entend de loin,
Il juge normal, c’est notoire,
De trouver si bel auditoire :
Moins il en sait, plus il en dit,
Et tout-le-monde l’applaudit.
Au bal des cons sous mon balcon,
On finit par tourner en rond.
Aussi dans la forêt prochaine
M’en vais goûter joie plus sereine.
J'ai chipé le titre et l'idée de ce poème à l'ami Brassens,
lui qui chantait si justement
"J'aime à voir de mon balcon passer les cons"
("Le pornographe")
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