Courtisane Paysanne
par YonL
Mon imagination serpentait dans les champs
Loin de la pollution de nos villes grises
Et comme un courant d'air se posa une bise
Un souffle chaud issu d'un sourire charmant
La campagnarde était une chanson festive
Entrainante dans les rires de sa jeunesse
Ouverte à toutes les caresses de l'ivresse
Prête à jouer jusqu'à ce que le jour arrive
Nous nous esquivions dans les sillons protecteurs
Sa robe batifolant dans le crépuscule
Et tournoyant avec ce voile qui ondule
Dévoilant ses atours les plus séducteurs
Sous les yeux dissimulés du viticulteur
Un peu jaloux d'entrevoir nos douceurs emmélées
Nous allions, volant, dans les travées isolées
S'offrir à nu aux plus intimes chaleurs
Nos coeurs s'irriguant de la poésie champêtre
Nous nous fondions dans le cocon fiévreux du soir
Je labourais, gourmand son fertile terroir
Pendant qu'elle s'abandonnait de tout son être
Main dans la main, naviguant dans les champs de blé
J'humais les parfums de ses herbes excitées
Oxygène loin du pétrole des citées
L'air pur de nos étreintes était endiablé
Missionnaire dans une ferme du bonheur
Je laissais ses mains expertes prendre soin
De nos corps perdus dans une botte de foin
Ses baisers comme des aiguilles dans mon coeur
La fille docile me fit oublier la ville
L'or de sa voix me suppliant de lui rester
Le tournesol, insolant, pour me détester
Me tourna le dos, ô chagrin indélébile
Hélas, la ville, aux ongles acérés, méchante
M'enleva des bras de la jeune paysanne
Et je repense à elle avec les yeux qui flanent
La larme a l'oeil, l'envie aussi omniprésente.
Poème posté le 08/11/22
par YonL