Tokyo-Montana Express. R. Brautigan
par Lau
Je pense à cet ouvrage de l’Américain
Loufoque et sympathique qui dans ce bouquin
Souffre du souvenir de sa muse nipponne
Ces bribes de mémoire heureuses qu’il pouponne
Chérit comme reliques d’un âge lointain
Mais fraîches et si vives qu’il est le pantin
Automate et battu par un vent de tristesse
Dès qu’il revoit ses mains et leur délicatesse
En douloureux rêves revenir de l’amour
Il aimait son mutisme Elle aimait son humour
Il commence il raconte il se blesse il insiste
Mais ne trouve la force dans cet exorciste
De coucher cathartique un écrit de l’ancrer
Dans le début du livre il ne sait recréer
Sans se cogner aux portes de l’infâme absence
Le coup de foudre éclat chaleur et nitescence
Le choc et la splendeur lors du premier impact
Et ne plus se quitter serait leur doux diktat
Elle partit pourtant il était trop baroque
Bien que leur passion fut forte et réciproque
Lasse ainsi de le voir happé par le détail
L’incongru la bluffait derrière l’éventail
Qu’elle agitait parfois d’être ailleurs faisant mine
D’intérêt ne porter quand face à l’étamine
Dans un songe très loin était-il absorbé
Naïf il resterait toujours un peu bébé
Ainsi donc le quitta vivre avec un fantôme
Qui quand vous lui parlez ne voit lui que l’atome
Et n’entend le propos dont vous l’entretenez
Reste focalisé sur le bout de son nez
Ainsi donc le quitta pour ne devenir folle
Femme elle n’était celle qui rêve raffole
D’un écrivain volant qui par monts et par vaux
Cravache des chimères et cause aux chevaux
Les mille et un papiers qu’il jette à la poubelle
Détruisant l’incipit d’une histoire si belle
Voient leurs mots s’allier jusqu’à continuer
A s’aimer se jauger se toucher se muer
Tu n’effaceras pas Richard de ta mémoire
De cet amour perdu la douloureuse moire
Poème posté le 08/04/23
par Lau