Nous faudrait-il choisir une résolution ?
Non ! Non ! ne parlons pas de révolution !
Ne touchons pas à l'édifice, il est si beau !
Il flambe neuf ainsi qu'un immense tombeau !
Demandons juste assez, en respectant les formes,
Afin que nos élus sur les bancs ne s'endorment,
Que bien vouloir veuillez cesser de nous piller,
Sans même avoir le chic de sembler sourciller,
En cette chambre qui n'est pas celle d'hôtel ;
Qui donc ici serait voyou, à un point tel,
Que quelques-uns de nous pourraient avoir grand' peur ?
Tribun au verbe haut, je suis bel orateur ;
J'ai rempli ma mission, que pourrais-je de plus ?
Devrais-je pour servir demander le surplus ?
Dois-je encor malaxer du pouvoir la matière ?
Exiger ! Exiger ! en voilà des manières !
J'agis, tout juste assez, pour que reste ma trace.
Je sais, privilégié, demeurer à ma place
Et, si ne veut le roi descendre de son trône,
Comme un matou couché sur un coussin ronronne,
De vos vouloirs présents jusqu'à plus tard tairai,
Râleur silencieux, je patienterai
Jusqu'à prochaine fois, pour tout recommencer...
Tant je sais tout autant chanter qu'autant danser !
Que mon train soit botté par les sbires du prince,
Tandis que dans la rue la populace grince,
Qu'est-il de plus normal, afin que l'ordre règne !
Le peuple est ignorant de l'heur en quel il baigne !
Il faut serrer le col pour rassurer le chien,
Et ce serait méchant que lui botter le sien
Si, soudain, ce faux sourd entendait. Soyons sûr,
Lui qui, si tôt devint fruit plus blette que mûr,
Qu'en sa grande sagesse, il nous obéirait,
Sachant avec rigueur corriger d'un seul trait,
Défaisant l'écheveau de ses ruses traîtresses
Et préférant Marianne à tout autre maîtresse ;
Se peut-il qu'en son œil une lueur ait lui ?
Qu'il n'est pas au service d'un plus haut que lui,
Qu'il ne dispose pas, pour alunir, d'un LEM
Et qu'il devrait, enfin, lui présenter sa dém !
Car si pour nous, dit-il, son discours ne vaut rien,
Il est le seul à bien considérer le sien ;
Pourtant, tous nos besoins ne sont guère enfouis ;
Tout autant il en va du nôtre pour ses ouïes...
Forteresse poreuse, il faut un guide sage
Qui puisse nous mener, quel que soit le passage,
Des gouffres à l'écart par sûrs cheminements
Afin, de ses beautés, jouir sereinement ;
Mais, si entre les mains d'un gus inachevé,
Ô vous, frères humains, qui en lui fiance avez !
Plutôt que de pleurer en pelant ses oignons,
Tombent le sceptre et le royaume, alors oyons
Les cris de joies fleurir aux doigts des braves gens !
Que s'ouvre pont-levis au flot des indigents !
Il n'est plus de héros à porter sur pavois.
Trahir, en temps de guerre, est un crime, où l'on voit,
- Ô ridicule orgueil de vantard riquiqui ! -
L'ennemi s'installer et jouir, de ce qui
Ne lui appartient pas. Mais, lors du temps de paix,
Ayant contre les siens retourné son épée,
Installer l'étranger dans les murs, en privant,
- C'est ainsi que le chef tourne suivant le vent -,
Ses enfants de ce qui leur permet de grandir,
Ayant bu tout le fiel d'un perfide élixir,
N'est-ce pas là autre façon de trahison ?
Cerclant de barbelés d'horizon la raison ?
Comment peut-on du jeu remporter cette coupe ?
Il suffit pour cela de vendre à la découpe
Les tableaux et les murs de la vieille maison.
C'est un sport pratiqué durant toute saison.
La dame du château accueille dans son lit,
Largesse qui ne fut jamais un grand délit,
Le chèque et le banquier, tous gens fort raffinés,
Réputés pour leurs goûts et finesse de nez,
Tandis que dans ses murs, valet se sait cocu,
De sa bourse se plaint plus que de mal au cul,
Et que les enfançons passent la savonnette,
Chacun fort satisfait d'être de cette fête !
Quel avenir radieux le monarque dessine
A tous ceux qui le suivent dans cette bassine !