Décombres
par Reverbrol
par Appoline
par Reverbrol
Le combat a duré une partie de la nuit
Mais j'ai capitulé, juste par manque de force
Le mal n'a eu de cesse de me réveiller
Et moi de lutter pour dormir, je m'efforce.
Les douleurs dans le dos c'est l'cancer qui me ronge
Le mal dans les jambes c'est l'traitement qui se venge
Le bien amène le mal et arrête les songes
Je m'éveille fourbu, et tout paraît étrange...
Mais finalement dans la maison endormie,
Je sors de mon lit alors que j'ai sommeil
D' allongé à debout, un film au ralenti
Tellement chaque geste est le mal qui s'éveille.
Mais je ne suis qu'assis, épuisé sur mon lit,
Il reste à me lever, me mettre sur mes jambes.
Bien piètre performance, c'est ce que je me dis,
Certainement pas celle qui reste dans la légende.
Alors, c'est tordu, que j'me mets sur mes pieds,
La pire des souffrances, se retrouver debout.
La peau qui se déchire, les dents tellement serrées,
Et la vive brûlure terrible et qui secoue...
Je reste là sans voix et sanglote déjà .
Je crie intérieurement parce que la maison dort.
Au terme d'un effort où je serre les dents,
Je suis debout et me fige un peu là...
Les lèvres ensanglantées tellement je me mors,
J'entame un premier pas en faisant doucement.
Tel un vieillard, courbé, les pas mal assurés,
J'avance, pas après pas, le mal me transperce !
Mais cela se mérite, j'ai le graal à portée,
Ce comprimé, cette morphine que je recherche.
J'me pose plus de questions, je la prends et c'est tout.
Afin que pour un temps la bataille finisse
Et que j'enterre le mal bien profond dans un trou,
D'où il ressortira afin que je gémisse,
Car il revient toujours, chaque matin un peu plus,
Le soir évidemment, le mal aime le sombre...
Somnifères, mon frère tu m'aides c'est incongru,
Et morphine au matin, voilà bien des décombres !
Vingt-huit jours sans repos, et que de temps perdu !
Demain, jour de chimio, je remets le couvert
Je laisserai encore le poison qui pollue,
Combattre dans mon corps le poison qui me tue...
A bien y regarder, quel est le bon poison ?
Celui qui me tueras dans d'horribles souffrances
Ou celui avec qui je vivrais en prison ?
Le premier me permettrait quelques vacances,
Le second, lui, me promet plus de temps avec toi,
Alors malgré le mal qu'il me procurera,
C'est toi que je choisis, ne m'écoute plus,
Les jours où fatigué je choisis l'autre voie...
Poème posté le 29/11/24
par Reverbrol