La colocataire
par Jorgenabu
Justice, définition d’un mot sans substance,
Je te cherche, quand soudain,
Le regard se fait hautain, jugeant, enfermant.
Elle porte ce regard noir et menaçant,
Portrait d’une étrangère éreintée, transie,
La vie en confettis. Elle vit en haut de l’escalier.
Je l’entends, la nuit, descendre ; je l’entends se contraindre,
Son souffle, sa haine de nos règles, sa douleur.
Ses deux mètres entravés dans neuf mètres carrés.
Nos trois âmes étouffent dans cinquante mètres carrés.
L’interdit pèse sur nos êtres.
La méfiance danse dans son regard, et pourtant,
Elle me touche, m’observe, scrute le moindre de mes gestes.
Chienne aux aguets, elle rejoue chacune de mes paroles,
Se flagelle quand un fragment d’elle-même ose émerger.
De la transparence, elle fait éclater le cri,
Des maux du quotidien, même de l’altruisme.
Ça y est, tu interprètes, tu imagines, tu t’éveilles.
Quelqu’un doit payer, et ce sera moi.
La souffrance et le silence se paient.
Ça y est, tu es devant ma porte,
Tu frappes, tu cries, tu veux entrer.
Tu me poursuis dans l’escalier,
Tes pas résonnent, porteurs de ta violence.
Tu ériges un mur entre nous,
Tu barricades ma porte, m’empêches de fuir.
Sauver ma peau, tant qu’il en est encore temps.
Je pars, sans adresse, chercher mon ange gardien. La justice n’est pas là.
Aveugle, qui croira-t-elle ?
Poème posté le 03/12/24
par Jorgenabu