La justice et ses lenteurs
par Djack
Un volailler en tablier-bavette
Dans sa boutique s'affairait,
Plumant les cous, tranchant les têtes,
Ses gallinacés ainsi préparait.
Puis les disposant becs à croupions,
Finissait pour faire bon poids,
Par les agrémenter en rang d'oignons,
De gésiers, de coeurs et de fois.
Les clientes venaient tôt
Car il avait bonne presse
Afin de garnir leur fourneau
De ses meilleures pièces.
Queues dressées, lippes gourmandes
Il y avait aussi des chiens, des chats
Associés dans la même attente,
Le moment venu, d'un bon repas.
Une association pro-animal
S'émut qu'une pareille violence
Bien qu'en ces temps devenue banale
Soit exposée avec complaisance.
Ses membres rallièrent un avocat
Frais nommé et mûr à leur cause
Qui, son dossier clôt se hâta,
De présenter à la justice la chose.
La femme du juge était cliente,
Celui-ci n'eut d'autre façon,
Pour conserver leur bonne entente
Que de juger façon Salomon.
In fine la justice trancha:
La viande irait aux dames du quartier.
Les abats au cuistot de l'internat.
Les plumes seraient pour le chapelier.
Par ailleurs la justice est lente,
A cela on ne peut rien changer.
C'est ainsi que, trompant l'attente,
Les chats et les chiens ont tout mangé.
N.B: Nul ne sait ce qu'il advint des plumes.
Poème posté le 12/11/24
par Djack