Etre quelqu'un d'autre
par Messaisons
par Messaisons
Se voir dans sa glace, se dire, du haut de toute son insuffisance congénitale, éternelle :
je veux être quelqu'un, du moins quelqu'un d'autre,
c'est briser un sceau, c'est devenir secret,
inéquationnable, infréquentable,
c'est être le porte-parole officieux de toutes les voix qui, la nuit,
tournent en rond dans leur petit espace leur faisant office de raison, d'appartement.
Mais être quelqu'un d'autre, est-ce changer à ce point, non, car on ne change pas,
on reste soi-même lorsque tout de nous devient quelqu'un que l'on aime.
Aussi irréel, ou surréel, que puisse être ce que je dis là
je vous affirme que devenir quelqu'un d'autre n'est pas changer, mais voir sa vie changer.
On a déjà tout en soi, qui s'exerce à devenir, à être, et si cela ne porte pas de fruit, c'est que quelque chose doit se substituer à notre moi,
que la pierre du combat s'avère être de retirer la pièce qui ne va pas, pour être pleinement soi.
Cela ne signifie pas que nous n'aimons pas cette pièce, subsidiaire, ou plutôt qui ne nous correspond plus, ou pas, mais de se dire que nous sommes assez mûrs pour vivre seuls, et dire à cette pièce : je ne me reconnais pas, car tu as tellement changé, que je sens que ta vie est ailleurs.
Dès lors, tout faire pour se faire un soi à soi, un visage qui nous ressemble et rassemble toute notre voix.
Car nous sommes quelqu'un que soi-même, on doit écouter. Ecouter sa propre parole, c'est cela être quelqu'un d'autre, et ne plus être son propre vampire :
que tout coule comme une source de jouvence à l'intérieur de notre puits d'amour, que l'on puise au fond de soi tout l'amour pour être soi,
sans cette peau, qui nous enveloppe tel un cadeau que nous ne sommes pas.
Etre quelqu'un d'autre, c'est s'aimer encore plus que lorsque nous étions plus présentable d'apparence, et savoir dire adieu, ou au revoir, à la peau jadis tant aimée.
Poème posté le 13/11/24
par Messaisons