Ballade de l’invitation au travail
par Lucien Métivet
Pour s’affirmer expert en ses travaux,
Qu’on soit poète ou marchand de fécule,
Certain précepte, et non des plus nouveaux
Dit : « Faut peiner de l’aube au crépuscule,
Pendant l’hiver, durant la canicule,
Et honni soit le flemmard fanfaron
Qui devant l’âpre et dur labeur recule.
C’est en forgeant qu’on devient forgeron ».
Le coryza gêne-t-il vos cerveaux ?
Et, dégouttant de façon ridicule,
Vos nez sont-ils comme les nez des veaux ?
Faut vous moucher ! Aussitôt s’articule
À votre épaule une aile minuscule,
Et, réduit à la taille d’un ciron,
En voltigeant, dans les airs on circule.
C’est en mouchant qu’on devient moucheron.
Souhaitez-vous, des athlètes rivaux,
De vous montrer plus robustes qu’Hercule ?
Jalousez-vous la force des chevaux ?
Faut vous percher sur quelque monticule !
Muni soudain d’un poitrail majuscule,
Et d’un fessier gros comme un potiron,
On peut traîner le plus lourd véhicule.
C’est en perchant qu’on devient percheron.
Envoi :
Lis donc ces vers, prince, principicule,
Comte, marquis, duc, vidame ou baron :
En renonçant, on devient renoncule,
C’est en lisant qu’on devient liseron...
Poème posté le 22/11/19
par Obofix
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