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Poésie libre / Ô viens ma fleur
              
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Ô viens ma fleur
par Jim


Ô viens ma fleur que je te déshabille Laisse moi découvrir la profonde vallée Qu entre tes reins nul glacier ne creusa Laisse moi parcourir ces sentes sur tes seins Qu'aucun souffle jamais n éroda Ô viens ma parure au ciel décoiffée Quelle forêt jamais ne sut mieux vaincre mes incendies Laisse moi me noyer dans le flot de ta voix Étouffer sous le poids de ce marbre Où taillés furent par la main sûre des ères Le galbe de tes lombes l'arrondi de ta hanche S'il est un qui un jour rechercha le parfait Cette idée vers laquelle il faut tendre Cette ombre à la paroi de la caverne Qui dicte à la raison tout le frémir des sens S'il est un duquel tout autre procède Je sais pour l'avoir dessiné Guidé par la ligne que propose ton corps Qu'il n est de poésie qu'il n'est géométrie Hors cette foule d'assertions Qu'offre à mes yeux à mes mains L'unité de ta diversité Que laisse ta rivière au lit que longtemps elle creusa Le limon des temps futurs l'empreinte des montagnes l'éternité des océans Dans la nuit de tes yeux le ciel se découvrit et s'étira à ta semblance Et quand tu vis notre frayeur face à ton immensité Pour ménager l'enfant craignant croquemitaine Tu couvris ton azur de la buée de ton regard ô ces nuages qui s'épandent Je ne connais d'autre orage que clignement de tes paupières Je ne connais d'autre fureur que le frémir de ta peau Et ne crains autre absence que celle du silence quand tu t'effaces Indépendante insolente incessante primesautière Car ton vouloir est fantaisie tel un soupir de lassitude et de patience Et tu meubles la durée d'un haussement d'épaules quand tu te tournes en ton lit L'étendue naît de ton corps prélassé sur les draps Et tu donnes à l'espace matière de ta seule substance Laisse moi laisse moi découvrir d'où surgissent les flots et les bois tes zéphyrs Laisse moi te dévêtir ôter ces voiles qui masquent mon dépérir Tu ne sais rien de ce pouvoir dont tu abuses du fait seul que tu sois Et je suis condamné à demeurer hors de toi quoique je puisse Malgré tous mes énervements malgré tous mes échauffements C'est Sisyphe condamné à rouler son désespoir sur le flanc des vanités C'est Prométhée qui offre son foie aux caprices de tes jeux C'est cette bête cornue qui jamais dans son dédale ne vit ton fil libérateur Laisse moi rêver croire espérer qu'un jour je trouverai la fin de mes désirs Laisse moi ma nuit mon aube mon Atlantide solitude mon sable ma pluie Laisse moi durer encore un peu auprès de toi Comme caillou convoite la terre Comme lumière envahit l'atmosphère Comme l'oiseau caresse les vents Laisse moi passer ride timide sur le battement de ton lac Que sais-je d'autre qu être Poucet perdu dans ta forêt Qui fuit en empochant ses cailloux cet ogre qui le suit son ombre Car je suis si petit insignifiant ridicule devant ton nom qui m'échappe Donne moi le baptême d'un baiser Que je sache où je suis D'aussi près de toi infiniment éloigné J'ai si peu à attendre que c'est déjà trop pour ce cœur effrayé Le pilori de tes pupilles retient ma chute dans le vide Ce sûr supplice de ma certitude d'être Cette joie meurtrière d'approcher de toi mon origine ma fin Aimer n'est qu'apprendre à boire son propre poison Découvrir la saveur du Styx délectable Et j'ai appris à tes baisers toujours cédés jamais donnés À suivre vers ta bouche le chemin de désespérance Laisse moi jusqu à ce jour où je pourrai Où je pourrai enfin Enfin te laisser Ce jour enfin Où je pourrai Où je pourrai enfin Te rencontrer Déshabillée.



Poème posté le 27/03/06


 Poète
Jim



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