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Poésie d'hier / Réphorme de l'ortographe
              
Poésie d'hier / Réphorme de l'ortographe
         
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Réphorme de l'ortographe
par Raoul PONCHON


Akadémissiens de la grrande Ainstitute, Ki potacé san sesse et ki repotacé Ce bo diktionair ke partou lon raipute Tan kil ne restera plus zun mo de phrancé ; Bien ke je soi de vou tout à faite inconue Lécé-moa vou çoumaître, ô doqtes Imortel, Une idé magnifike, idé ki mais venue Un çoir ke jean tandais chanté Guyome Tel. Je panse ke danz un éta des mots kratike Il ait bien maleureu de vouar k’un grrand Ceigneur Ecri kelkefoi moin bien ke son dos mestike San conpté ke çouvant il sen fête un oneur. On conai l’ortografe ôci dé kuizinière Ki pace an phantézi tou ce con peu rêvé, L’ânerie à tou qoup i montre son dériaire. Alecsandre DuMat conpte kil an avé Tune, ortografian de phaçon for chanpaître Son non, tel ke lu fai le phis du grand Sophi, Aile n’an koncervai pa une ceule lètre, Karr se noman Sophie elle éqrivai çauphy. Mécieux, ci tou les jeans n’on pa la mêm ohrthographe C’ait qe bôcou d’antreu ne l’aprire jamets, D’ôtres i son rebèle inci k’une jiraphe, Et kelkes-uns ôci s’an phiche, jean cOhnets. Or, dé çavans en us, vé nez râbles Caçandre, Et, par le dernié trin, venu de Batignol, Veule tripatouyé notre ortaugraffe é rendre Le phrançais akcécible au vaches espagnol. Les un veule tué la plupar dé conçone ; D’ôtres n’an trouve pas acé dans le mo cu ; Celuissi ne veu pas de cédille à çorbonne, Celui la vous eqrit andouille par un Q. C’es pour ke le phrançai deviène fonétike Kil phont insi la guère o khonssonnes,... ô la la ! Ce n’ai pa fonétike, élas, mais bien étike Kil deviendrai, ci lon ni métait le holà ! Et dabor serait-il plus ézé de l’aprandre L’ortografe ? une foi kil l’oront réphormé ? Khan pansé vous mes cieux ? je croix ke pour la randre Aqcecible à chakun, il fô la suprimé K’on l’éqrive come on voudra. Je trouve onète Ke le gran Ceigneur, si tel est sa phantaizi, Puice maitre pluzieurs h au mo : chlarhinhèthe ; Son valet an ôté bocoup au mo : ftizy. Que l’e muet oci disparaiss kant il jène Çoi dans l’intérieur d’un mot ou çoi to bou. Je consans à hécrir sans h le mot : Ugène May sy j’ème l’y grec, jean veuh maytre partouh. Selon que plus ou moin l’on goûtte lé conçone, K’on ne lé veuillent pa toujours o memme endroit Chaqun ora sa propre ortografe, la bonne. Le pohète surtou ne sera plus en proi. Mécieux, certènemant, tel est la cène à phaire. L’ortografe devient inssi hune euvre d’arh ; Chakun celon son goûs, celon son qaraqtère, Par egzample, écrira ce mo priz oh azar : Ohnet, Honet, Onet, Onette, Oneth, Hohnète, Onhet, Hohnet, Hohnhet, Honett, Onait, Aunaith, Auneth, Oneht, O’Neith, Aunhet, Haunet, Onhètte, Aunette, Hautnette, Onhaite, Auhnaite, Eau nette, Hheauhnaith... ... j’an ékrirais ainci pandant l’anèe antière. Cet egsample sufi. De nou ke la plupar D’éqrire l’aurthografe adopte une manière Et vous m’an diré de bones nouvèles. Kar Je veu bien avaler aveq une ceringue Dézormai tou le vain ke je boi sans répi, Ci ho jourdojourdui kelkun de vou dix tingue Les verts d’Anribornié de la prause à Delpi. Ce n’est rien sil sagi de cé deu peaux ligrafe, Ça va cent dire ; mai n’étil pa bien sévert De vouloir ke Sarceys è la même orrtografe Que l’empereur Gauthier ou le pape Flaubert !

in Le Courrier Français 01.12.1889

Poème posté le 15/08/20 par Oxalys

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 Poète
Raoul PONCHON



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