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Poésie d'hier / La flûte - Triolets
           
Poésie d'hier / La flûte - Triolets
       
Poésie d'hier / La flûte - Triolets

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La flûte - Triolets
par Edmond HARAUCOURT


par Oxalys


Pour public averti Quand les vers m’auront désossé, Tout nu, tout sec, dans mes six planches ; Fait de trous comme un bas percé. Quand les vers m’auront désossé ; Quand le Temps grave aura lissé Mon vieux squelette aux maigreurs blanches ; Quand les vers m’auront désossé, Tout nu, tout sec, dans mes six planches : Alors, gaiement, venez me voir, Chœur lascif des vierges à naître Qui vivez trop tard pour m’avoir... Alors, gaiement, venez me voir ! Vous lèverez le marbre noir, Et me creusant une fenêtre, Alors, gaiement, venez me voir, Chœur lascif des vierges à naître. Vous chercherez parmi mes os Cet os viril qui fut mon membre ; Près des fémurs, au bas du dos, Vous chercherez parmi mes os. Roide encore dans son repos Comme un athlète qui se cambre, Vous chercherez parmi mes os Cet os viril qui fut mon membre. Vous le verrez très long, très fort, Dur aux contours, et creux au centre ; Veuf de son double contrefort, Vous le verrez très long, très fort, L’os vaillant qui sous son effort Fora tant d’isthmes au bas ventre : Vous le verrez très long, très fort, Dur aux contours, et creux au centre. Hélas, j’en aurai fait mon deuil : Emportez-le, je vous le donne. Il fut ma force et mon orgueil, Hélas, j’en aurai fait mon deuil ! Dans le célibat du cercueil, On dort seul, et la mort chaponne... Hélas, j’en aurai fait mon deuil : Emportez-le, je vous le donne. Vous percerez sept trous, sept trous, Et le canal deviendra flûte : Dans l’os sonore aux reflets roux, Vous percerez sept trous, sept trous, Pour accompagner les froufrous Des jupons que froisse la lutte : Vous percerez sept trous, sept trous, Et le canal deviendra flûte. Sur la gamme des baisers nus L’Amour va chanter sa romance : Souffle dans ma flûte, ô Vénus ! Sur la gamme des baisers nus Souffle tes airs les plus connus : Voici le bal qui recommence : Sur la gamme des baisers nus L’Amour va chanter sa romance. Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do : La valse horizontale danse, Tourne, ondule sous le rideau ; Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do... La flûte suit le crescendo Et rythme l’amour en cadence. Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do : La valse horizontale danse ! Et l’os vibre sous le baiser, Au souffle de la lèvre rose ; L’air chaud le gonfle à le briser ! Et l’os vibre sous le baiser Du doigt blanc qui court se poser, Va, revient, remonte, et se pose... Et l’os vibre sous le baiser Au souffle de la lèvre rose ! Ainsi j’attendrai doucement Sur la bouche des belles filles, L’heure auguste du Jugement. Ainsi j’attendrais doucement, Joyeux de pouvoir en dormant Conduire encor les chauds quadrilles : Ainsi j’attendrai doucement, Sur la bouche des belles filles.

La Légende des sexes, poèmes hystériques et profanes, 1882

Poème posté le 30/12/20 par Oxalys

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Informations mp3 : Musique de Camille Saint-Saëns – Danse macabre

 Poète
Edmond HARAUCOURT



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 Interprète
Oxalys



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