mais où est-il le vent qui soufflait aux oreilles,
les pinçait en passant et nous piquait les joues
pour les faire briller comme pommes vermeilles ?
où est-il ce vent fou ?
où s'est enfuie la mer qui me portait en elle
et murmurait toujours et tout bas dans mon cou
me rendant tendrement ma densité réelle ?
le jusant me rend fou !
il n’y a plus de feu lâchant des étincelles
vos regards sont éteints. mais où donc êtes-vous ?
où est cette chaleur où nos coeurs s'ensommeillent ?
la nuit froide rend fou !
j'ai retrouvé ce soir la vieille balancelle
et son gros coussin bleu me prend sur ses genoux,
je penche tout comme elle et comme elle chancelle,
je ne tiens plus debout
si le vide glacé d’une nuit éternelle
est tout ce qui m'attend au dernier rendez-vous
pourquoi si lentement m'avoir rogné les ailes ?
tout ce flou me rend fou !
rien !
il ne reste plus rien dans ma pauvre escarcelle
la vie se joue toujours entre un roi et un fou,
si j’ai roqué gagnant j'ai bien perdu la belle
et la notion du temps qui passe et qui s'en fout
des deux bouts en brûlant j’ai fondu la chandelle
pour rien !
ou pour des clous !