Sur le livre des amours (de Pierre de Ronsard)
par José-Maria DE HEREDIA
Jadis plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil,
A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre,
Et plus d'un cœur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre,
A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil.
Qu'importe? Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil ;
Ils gisent tout entier entre quatre ais de rouvre
Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre,
Leur inerte poussière à l'oubli du cercueil.
Tout meurt. Marie, Hélène et toi, fière Cassandre,
Vos beaux corps ne seraient qu'une insensible cendre,
- Les roses et les lys n'ont pas de lendemain -
Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire,
N'eût tressé pour vos fronts, d'une immortelle main,
Aux myrtes de l'Amour le laurier de la Gloire.
Le Moyen Age et la Renaissance - Les Trophées Ce poème a été vérifié et le contenu authentifié.
Ed.: NRF / Poésie / Gallimard (1981)
Poème posté le 08/10/21
par Jim