Fins dernières
par Marie NIZET
C’est fête aujourd’hui, mon amour,
Je viens frapper à votre porte.
Notre bonheur est de retour :
Vous êtes mort et je suis morte.
Faites-moi, dans ce lit sans draps,
Une place, que je me couche
Entre ce qui fut vos deux bras,
Près de ce qui fut votre bouche.
Nous allons à deux nous plonger
Dans le Grand Tout qui nous réclame
Nos corps vont se désagréger
Pour un effroyable amalgame.
Notre chair, lambeau par lambeau,
Va se dissoudre en pourriture,
Reprise, à travers le tombeau,
Par le creuset de la nature ;
Nos os, par un beau soir d’été,
Tomberont les uns sur les autres...
Ne plus savoir – ô volupté ! –
Quels sont les miens, quels sont les vôtres !
À leur tour ils s’effriteront
En une impalpable poussière
Et tels, enfin, ils monteront
Dans un infini de lumière.
Nos atomes purifiés,
Emportés par le vent qui passe,
Comme en des vols extasiés,
S’éparpilleront dans l’espace.
Et sous les évolutions
D’éternelles métamorphoses
Nous danserons dans les rayons
Où nous ferons fleurir les roses.
Pour Axel de Missie (1923)
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Poème posté le 30/10/21
par Oxalys