La maison endormie sous le gros marronnier
Se meure à petit feu laissant pleurer ses pierres
Une plaie sous le toit dévoile son grenier
Où doivent se cacher de vilaines sorcières
Quand je passe devant je pense aux disparus
A ceux qui résidaient en ces lieux séculaires
De braves habitants que j’avais bien connus
Deux frères paysans restés célibataires
L’un toujours sifflotait des mélodies d’antan
Le cadet plus bavard racontait des histoires
Quand aux beaux soirs d’été ils étaient sur le banc
Les jeunes de la rue leur servaient d’auditoire
Ils avaient un cheval, un âne et deux mulets
Un troupeau de moutons, des chèvres et des vaches
Ils vendaient des lapins, des œufs et des poulets
Ils étaient courageux dans leurs multiples tâches
Qu’est devenu leur chien ? Un vulgaire bâtard
Qui venait m’accueillir en me faisant la fête
Où sont donc les jambons, les saucisses et le lard
Pendus dans le cellier au-dessus de nos têtes
La maison endormie sous le gros marronnier
Gémit au vent du nord d’une infinie tristesse
Une plaie sous le toit dévoile son grenier
Et pourtant elle vivait au temps de ma jeunesse