T'y croyais trop
par Frankvassal
T’y croyais trop, petite, aux contes de ton enfance
Penchée sur ton berceau ta marraine fétide
A du t’en balancer de ces sorts bien sordides
Elle parlait dans ses dents cette vieille pucelle
Jalouse déjà, sans doutes, c’est vrai, t’étais si belle.
T’y croyais trop, petite, aux contes de ton enfance.
Ta mère était partie, un soir de pluie, de coups
Toi : jamais de fessées, Papa a d’autres goûts
Tu étais sa « Peau d’âne », à ce roi des ivrognes
Qui sur tes boucles d’or frottait sa sale trogne.
T’y croyais trop, petite, aux contes de ton enfance.
Tu l’espérais si fort, le prince légendaire
Qui devait t’enlever à ta tour de chimères.
Ils sont venus à deux, le jour de tes quinze ans
Dérobant dans la cave tous tes rêves d’enfant.
T’y croyais trop, petite, aux contes de ton enfance
Ta robe est déchirée, Cendrillon du trottoir
Ta seringue-quenouille te pique chaque soir
Tu embrasses en suivant, tous ces crapauds immondes
T’es devenue, Princesse, la Reine de tout le monde.
T’y croyais trop, petite, aux contes de ton enfance.
Tu regagnes à la nuit, dans cette banlieue grise
Ton château de carton où le temps s’éternise
Tu pleures sans faire de bruit ; elle a tes cheveux d’or
Sur son livre de contes, ta petite s’endort….
Poème posté le 22/03/12