Ce jour d'huy du soleil la chaleur alteree
par Etienne DE LA BOETIE
Ce jour d'huy du soleil la chaleur alteree
A jauny le long poil de la belle Ceres :
Ores il se retire ; et nous gagnons le frais,
Ma Marguerite et moy, de la douce seree ;
Nous traçons dans les bois quelque voye esgaree :
Amour marche devant, et nous marchons après.
Si le vert ne nous plaist des espesses forests,
Nous descendons pour veoir la couleur de la pree ;
Nous vivons francs d'esmoy, et n'avons point soucy
Des roys, ny de la cour, ny des villes aussi.
O Medoc, mon païs solitaire et sauvage,
Il n'est point de païs plus plaisant à mes yeux.
Tu es au bout du monde, et je t'en ayme mieux ;
Nous sçavons après tous les malheurs de nostre aage.
- Sonnet XXIV - non répertorié par Montaigne
in "Œuvres complètes d'Etienne de La Boétie, réunies pour la première fois, et publiées avec des notes, par Léon Jacques Feugère"
Ed.: Jules Delalain (1846)
Poème posté le 17/05/23
par Jim