Sonnet XXXVII
par Etienne JODELLE
Sans pleurer (car je hais la coutumière feinte
De nos amants, qui n'ont que leurs pleurs pour sujet)
D'un cœur ardent, dolent, dévôt, soumis, abjet,
Je me jette aux saints pieds de toi, maîtresse sainte :
La feinte n'a mon âme à tel acte contrainte,
Tel esprit ne peut être à la feinte sujet :
Mais jà depuis cinq mois j'ai toujours pour objet
Ma faute, qui s'est même à telle amende étreinte.
Pardonne donc, Déesse, accuse mon malheur,
Non pas moi, dont le ciel jaloux empêche l'heur,
Si tu dis mes malheurs chasser ta bienveillance.
Vu qu'on ne doit l'amant si malheureux aimer,
Viens ton cœur pour mon bien contre mon mal armer,
J'aurai du bien le comble, et du mal la vengeance.
Les sonnets amoureux
Poème posté le 26/07/23
par Jim