Soir
par Antonin ARTAUD
Les fleuves roses passaient sous les grandes étoiles
Quand toutes les colombes vermeilles du jour
N’avaient pas déserté les balustres du jour
Où des femmes tendent leurs cheveux comme des voiles…
Les libellules d’or avaient chu dans les blés,
Les moissonneurs fauchaient leurs ailes comme des épis,
Les moissonneurs de l’ombre et de la rose nuit
Aux cœurs chantants comme des violons étoilés.
C’était un soir fleuri de colombes mystiques,
Se posant et rêvant sur les urnes du cœur,
Comme les colombes d’or des sacrifices eucharistiques
Sur les ciboires du Seigneur.
C’était un soir favorisé des vents berceurs
D’août religieux où chante la cigale ;
C’était un soir antique où l’âme de Dieu croule,
Roule dans les frissons des feuillages bleuis.
Poème posté le 15/09/23
par Rickways