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Poésie d'hier / Marseille
              
Poésie d'hier / Marseille
         
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Marseille
par Jean François Victor AICARD


La ville c’est le port, où tout s’agite et crie, Où la voile gaîment revient se reployer ; Le quai, seuil de la mer et seuil de la patrie, Première marche, sûre et large, du foyer. Venez là, sur ce quai : là, vous verrez Marseille ; On respire l’odeur salubre du goudron ; Les rudes portefaix, l’anneau d’or à l’oreille, Vont et viennent déjà, gourmandés du patron. La pipe aux dents, entre eux causent des capitaines ; Par des canaux en planche, aux sabords des vaisseaux, Pour nos greniers publics, comme l’eau des fontaines, Ruisselle l’or des blés qu’on mesure à boisseaux. La saine activité chante, gaie et féconde ; Un refrain du pays traverse ce fracas. Hommes, chars et chevaux circulent ; c’est un monde ; Tout s’y croise, s’y mêle, et ne se confond pas. Les perroquets bavards des boutiques prochaines Imitent tous les cris qu’ils rendent plus stridents ; Des voiles à sécher clapotent toutes pleines D’ombre et d’humidité dans leurs grands plis pendants. Bras croisés, les patrons regardent d’un œil calme Le joyeux va-et-vient des bateaux aux maisons, Les sacs, les noirs tonneaux suintant l’huile de palme, Les trésors sains et saufs des lourdes cargaisons. Les costumes divers se croisent dans la foule ; La ruche humaine fait son murmure et son miel ; Au fond des cabarets bourdonnants le vin coule. Tout ce bruit des labeurs contents emplit le ciel. Vers ce port, vers ce point de pays où nous sommes, Flamme au vent, émergeant sur la rondeur des eaux, De tous les horizons que connaissent les hommes A toute heure converge un peuple de vaisseaux. Vous en verriez plusieurs, du haut de la colline Qui dresse devant nous, dans l’azur du matin, Et qui montre aux bateaux que le mistral incline Sa Notre-Dame d’or, espoir du port lointain. Le cône large et bas de la colline nue, Où s’enroule un sentier rocailleux, apparaît A travers l’épaisseur des mâts perçant la nue Et pareils aux ifs morts d’une triste forêt. Mais le soleil est gai, qui par-dessus flamboie ; Il plante au bout des mâts des fers de lance d’or. Au cœur de la cité cependant, avec joie, Le commerce en rumeur suppute son trésor. Comptes, calculs sans fin de l’aurore aux étoiles. Le soir vient. La cité revoit dans le sommeil De lourds vaisseaux penchés gagnant à pleines voiles Son port plein de travail, de bruit et de soleil.

In Les poèmes de Provence

Poème posté le 15/09/23 par Rickways


 Poète
Jean François Victor AICARD



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