Pianiste
par Arden
Un pianiste idiot blêmit dans les chiendents
L'après-midi tannant languit gris et verdâtre
Sous la tonelle triste un piano s'entend
Rythmant la voix peut-être d'un amant qu'on châtre
L'après-midi dégueule ah! ses plus noires fleurs
Et le rose bonbon des fleurs artificielles
Auprès d'elles n'est rien qu'un assez pâle pleur
L'été fait bouillonner ses humeurs démentielles
M'as-tu aimé peut-être au temps de tes yeux bleus
Quand la lune croissait bleuissant la vallée
Les fleurs dans le jardin ont un rire fielleux
Pour mes paroles d'or par le temps ravalées
Et la lune a dansé claire au bord de tes cils
- Va-t-en! l'ombre s'inquiète à t'avoir pour complice
En vain les cyprès noirs flambants gémissent-ils
L'argent pur de tes yeux en moi traître se glisse
J'aurais beau décrocher des croix leurs christs d'amour
Et déchirer le sol des prairies funèbres
Brûler les roses et faire la nuit du jour
Tu luiras tu luiras claire dans les ténèbres
Mais quand mourra le soir je saurai t'oublier
Je voudrai te jeter contre l'os dur des pierres
Je te déposerai doucement sans parler
Ainsi qu'à l'enfant mort on ferme les paupières
Finiras-tu lorsque finira ma chanson
- Le soleil s'évertue à vouloir nous détruire
Ton image se brise au miroir dur des sons
Je meurs tu meurs mourons dans un éclat de rire
Poème posté le 05/02/09